Sept.info | Le piège du paludisme

Le piège du paludisme

Aedes Albopictus © James Gathany / CDC

«Réduction de 60% des victimes du paludisme», titrait un communiqué de presse de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en décembre 2015. La Fondation Bill et Melinda Gates, leader mondial des dons contre cette maladie infectieuse tropicale, affirmait alors que cette réussite tenait à leur programme d’aide et à d’autres similaires. Pas aussi évident sur le terrain.

A ses yeux, la santé de ses enfants n’a pas de prix; cependant elle a un coût. Chantal Nzuzi, 23 ans, est depuis quatre jours au chevet de ses enfants à la clinique Mwinda de Ngaliema, dans la banlieue de Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC). Le nourrisson et le petit de quatre ans, qui dorment d’un sommeil agité et intermittent, sont tous deux brûlants de fièvre. «Je ne voulais pas venir ici parce que je n’ai pas d’argent, balbutie Nzuzi épuisée. Mais j’étais obligée. C’est un bon centre. On m’a signé une ordonnance et les médicaments vont me coûter 55 dollars». Jusque-là, on n’a même pas délivré de paracétamol aux enfants. Il ne fait aucun doute qu’ils ont contracté le paludisme. «On leur a fait le test, dit Nzuzi. Ça m’a coûté dix dollars, c’était tout ce que j’avais sur moi.»

A quelques kilomètres de là, dans la salle des patients de la clinique Kasongo, Julia Ngongo, 19 ans, est assise à côté de son frère de 24 ans. Il est là, couché. Une perfusion pend à son bras. Tous deux étudiants dans la province septentrionale appelée Equateur, ils sont ici depuis deux jours. Eux non plus n’ont pas les moyens de payer les traitements. «Nous étions en train de préparer nos examens quand mon frère a commencé à ressentir les douleurs de dos caractéristiques du paludisme.» Julia Ngongo lui a donné les cachets de quinine qu’elle avait dans sa valise, mais cela n’a rien fait. «J’ai dû réveiller un ami pour qu’il nous aide à rentrer à Kinshasa. Nous sommes arrivés en fin de soirée mais ils ne se sont pas occupés de nous parce que nous n’avions pas d’argent. Le lendemain à midi, un ami est venu avec de quoi payer les tests, les premiers médicaments et la perfusion. Maintenant, nous avons téléphoné à notre famille pour qu’on nous apporte plus d’argent».

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