Sept.info | Coup d'Etat à Pékin: une gifle ou un coup dans la figure…

Coup d'Etat à Pékin: une gifle ou un coup dans la figure (2/5)

Le scandale éclate. En se réfugiant au Consulat des Etats-Unis à Chengdu, Wang Lijun accuse publiquement Bo Xilai de vouloir l'éliminer. Les deux hommes autrefois alliés deviennent les pires ennemis... Une affaire qui ébranlera la crédibilité du Parti communiste chinois.

Pekin Xilai Pekin Xilai
Proche de la frontière nord-coréenne, des habitants de la ville de Tieling ont accusé Wang Lijun et ses amis d'avoir détourné des fonds publics. Les deux signes chinois signifient «trahison à la nation». © DR

En mai 2010, Bo Xilai avait nommé Wang Lijun maire adjoint de Chongqing, mais Wang savait que cette position ne comportait pas de vrai pouvoir, à moins d’entrer au Comité permanent du Parti, l’instance dirigeante la plus importante de la ville. Il s’activa auprès du couple Bo pour obtenir cette promotion. Il invita aussi de hauts responsables de passage à visiter son «Exposition sur la campagne victorieuse contre le crime» et sollicita leurs éloges pour en faire ensuite un copieux usage dans sa lettre d’information.

Il est possible que de hauts responsables de Pékin se soient sentis obligés d’émettre des commentaires favorables sur la campagne de Wang, mais beaucoup se méfiaient et, on l’a dit, redoutaient que le programme de Bo puisse être appliqué au niveau national et mette en danger leurs intérêts. Les parents des fonctionnaires et des hommes d’affaires victimes de cette campagne avaient entre-temps adressé des pétitions à de hauts dirigeants dans lesquelles ils racontaient des histoires horribles sur l’usage de la torture, l’extorsion d’aveux et les confiscations d’avoirs. Nombre de ces plaintes et de ces pétitions parvinrent aux autorités à Pékin. Celles-ci se sentaient embarrassées et désarmées parce que Bo Xilai était trop puissant pour qu’on puisse s’attaquer à lui. Elles attendirent patiemment leur heure.

Une occasion se présenta en 2011, lorsque la Commission disciplinaire centrale à Pékin reçut des lettres anonymes d’habitants de Tieling, accusant Wang et ses amis, d’avoir détourné des fonds publics. Un correspondant affirmait que près d’un demi-million de yuans (soit 75'000 francs) avait disparu lorsque Wang y était chef de la police. He Guoqiang, qui dirigeait la commission, autorisa son personnel à enquêter. Mais la décision fut soigneusement calibrée: l’enquête viserait spécifiquement les amis de Wang; celui-ci étant très loin de Tieling ne pourrait intervenir facilement. Si ses amis étaient jugés coupables – très peu de gens sortaient indemnes d’une enquête approfondie de la commission –, leurs condamnations lui enverraient un avertissement et il y regarderait à deux fois avant de s’en prendre à ses adversaires politiques à Chongqing. L’informateur auquel nous devions ces renseignements résuma ainsi cette stratégie: «Frapper la montagne pour effrayer le tigre». Mais personne ne s’attendait à voir la montagne s’effondrer en enterrant les tigres vivants.

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