Chaque année au mois de mars, pendant deux semaines, plus de trois mille délégués et des centaines de journalistes se rassemblent à Pékin pour participer ou assister au Congrès national du peuple (CNP). La capitale entre alors dans une période de sécurité renforcée. La police arrête les pétitionnaires venus présenter leurs doléances; des patrouilles sillonnent la place de la Porte de la paix céleste (Tian'anmen), pour empêcher toute perturbation susceptible de recevoir une couverture médiatique défavorable.
Selon la constitution, le CNP est l’organe législatif suprême de la Chine. Alors que les législateurs occidentaux débattent des lois dans des parlements, anciens ou contemporains, souvent très décorés, le Palais de l’Assemblée du peuple, sur le côté ouest de la place Tian'anmen, où se réunissent les délégués au CNP, est un gigantesque auditorium de béton construit dans le style fonctionnel de l’ancienne Union soviétique, sans le moindre intérêt esthétique. Les délégués examinent le rapport annuel du gouvernement, adoptent les lois et officialisent les nominations de dirigeants.
Il y a plusieurs années, un site chinois publia une série de photos illustrant le comportement de législateurs dans différents pays: en Turquie, on voyait un parlementaire en complet-veston grimper à la tribune tandis qu’une douzaine d’autres le tiraient par les jambes; au Mexique, un député flanquait son poing dans la figure d’un autre; au Japon, une députée était juchée sur les épaules de ses partisans, tandis que d’autres jetaient sur elle stylos et papiers; en Inde, une députée assénait un coup de chaussure à un collègue. Le site montrait aussi deux photos du CNP: sur l’une, des délégués sommeillaient dans différentes positions, comme on peut en voir dans un vol long-courrier; sur une autre, panoramique, des centaines de délégués levaient la main de manière rigoureusement uniforme.