Je rencontre Valentina Sovkina comme on rencontrerait une résistante repliée dans l’intérieur du pays. Après trois heures de route en partant de Mourmansk, la capitale de la région du même nom, j’arrive au petit village de Lovozero. Recroquevillé au milieu de la toundra et des forêts de sapins, le village est considéré comme la «capitale» des Samis de Russie.
C’est sur le parvis de la salle des fêtes de Lovozero, avec son entrée en forme de tente lapone, que je retrouve l’ancienne leader du mouvement sami de Russie, Valentina Sovkina. Devant l’entrée, un drapeau sami flotte dans l’air, signe que nous sommes en territoire familier.
La levée de ce drapeau lors de la journée nationale des Samis le 6 février dernier avait entraîné quelques remous à Mourmansk. Les Samis ont toutefois pris soin de hisser un drapeau russe à côté, l’atmosphère n’est pas à la provocation.
J’accompagne Valentina à l’école du village, où elle donne des cours de langue sami. Au milieu des barres d’immeubles grises et décaties émerge un bâtiment peint d’un jaune et bleu criard. On m’assure immédiatement que ce ne sont pas les couleurs de l’Ukraine. Au dernier étage de l’immeuble, la militante me montre avec satisfaction les locaux de la future radio sami qui y sera installée.
Aux murs de la salle fraîchement repeinte sont également accrochés des dizaines de tableaux de peinture samis, en préparation de l’exposition qui doit se tenir ce dimanche dans ces mêmes locaux. On y retrouve l’omniprésence de la nature, des rennes et des poissons, ainsi que des esprits merveilleux. La communauté sami compte encore plusieurs chamanes.