Sept.info | L'internationale du ping-pong est née à Berlin (1/4)
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Nées à Berlin au tournant des années 2000, les soirées ping-pong séduisent les jeunes urbains et ont essaimé dans toute l'Europe. © Clément Girardot

L'internationale du ping-pong est née à Berlin (1/4)

Populaire mais discret, le tennis de table effectue une percée inattendue dans la vie nocturne. Nées à Berlin au tournant des années 2000, les soirées ping-pong séduisent les jeunes urbains et ont essaimé dans toute l'Europe. Premier volet de notre enquête continentale.

Des rock stars charismatiques aux groupes folk mélancoliques en passant par des chanteuses hypnotiques, nombreux sont les grands noms à s’être succédés sur la scène de Fri-Son à Fribourg. Mais il en est une autre au son caractéristique, deux onomatopées bien reconnaissables, qui ne pèse que 2,7 grammes pour 40 millimètres de diamètre. Cette star-là, généralement blanche ou orange, rassemble à chaque prestation des centaines de fans. Organisées quatre fois par an, les soirées ping-pong connaissent un franc succès depuis leur lancement en 2005 jusqu’à la 30e édition, ce 26 décembre 2014. Ce soir-là, cinq tables trônent dans la grande salle de l’ancienne usine de condensateurs électriques, des raquettes bas de gamme sont à la disposition du public au comptoir du bar. «Jusqu’à 700 ou 800 personnes sont attendues», glisse Moyleang Tan, 29 ans. Cette institutrice passionnée d’illustration – et de ping-pong – organise la soirée avec Mugabo, employé au studio de production audiovisuelle Take Off. Cela fait trois ans que le tandem fribourgeois est aux manettes d’un des plus gros événements festifs dédiés à la petite balle en Europe. Gratuites, ces soirées font le plein d’étudiants. «En général, ils finissent par tous s’agglutiner autour des tables, ils peuvent être vingt ou vingt-cinq, pour faire des parties tournantes.» Chaque participant renvoie la balle à tour de rôle, une ronde se forme autour de la table, les pas s’accélèrent au fur et à mesure des éliminations. Les deux combattants rescapés se départagent dans un petit match. Toute la nuit, la musique électro vient rythmer les parties. Derrière les platines, Moyleang et Mugabo, qui répondent au nom de scène de Mugamo, sont épaulés par d’autres DJ qui apprécient de mixer dans ce contexte décalé.

Voici encore quelques années, le tennis de table était considéré comme un sport ringard, associé à l’univers du camping. Son retour en grâce est venu de nouvelles pratiques urbaines et nocturnes. Le très hype salon Pitti Uomo de Florence a adoubé la tendance en juin 2014. Le gotha de la mode masculine s’est pressé autour des tables au design chic et épuré, inspirant au journaliste des Inrocks ces bons mots: «Après quelques essais infructueux (la moto, le bike polo…) le Pitti a cette saison fait mouche avec le thème du ping-pong […] Cool et ludique, parfait pour injecter un peu de mauvaise foi et de compétition dans vos pique-niques estivaux un peu trop parfaits.» Cette renaissance puise ses racines à Berlin, ville où les tables en béton sont omniprésentes. Après la chute du mur, la vie culturelle explose: squats d’artistes et clubs électro s’installent dans les friches industrielles. Les jeunes affluent de toute l’Europe pour goûter à cette vie de bohème post-moderne et débridée. Par un concours de circonstances hasardeux, la balle en celluloïd semble devoir sa nouvelle popularité à une autre boule: le knödel, rondouillette quenelle d’origine autrichienne. Ulli Uebachs, 53 ans, se souvient: «De 1996 à 1998, nous organisions chaque mardi une soirée pour faire des knödel dans un club de Mitte (quartier phare de la scène underground des années 90, ndlr). Lorsque ce bâtiment a été détruit, nous nous sommes réunis dans un squat où ils avaient une table.» Lorsque le propriétaire du squat leur demande de partir, les jeunes se retrouvent à la rue. Mais pas question d'abandonner leur hobby: ils vont investir l’espace public de la ville. «Nous avons décidé d’utiliser un vélo triporteur pour transporter la table. Avec le vélo, on emmenait aussi un générateur, une sono, et des éclairages. Chaque mardi, on choisissait un nouveau lieu pour s’installer et faire des tournantes toute la nuit au son de la musique!»

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