En octobre 2010, le Front national dans une optique de «normalisation» idéologique écarte plusieurs militants proches des courants les plus extrémistes qui traversent le parti. Parmi eux, Yvan Benedetti est traduit devant la commission de discipline du mouvement pour cause de double appartenance au Front national et à L’Œuvre française, un groupuscule nationaliste extrême.
Cet homme, représentant d’une frange fasciste gommée par l’opération de communication du Front national, n’est autre que le cousin germain de notre journaliste Philippe Pujol, prix Albert Londres 2014 pour ses enquêtes parues dans La Marseillaise.
Grand reporter, spécialiste des quartiers nord et de la fabrique du monstre à l’œuvre dans ces cités, Philippe Pujol va suivre son parent et en tirer un livre, Mon cousin le fasciste. L'occasion de s’interroger sur ces destins croisés et pourtant opposés, dans une mise en regard fascinante.
Il dresse le portrait de son double en négatif et tente au-delà des caricatures de dépeindre un fascisme plus contemporain qu’il n’y paraît.
Dans les pas des processions de la Phalange en Espagne ou lors d’un rassemblement sur la tombe du maréchal Pétain sur l’île d’Yeu, ou encore dans le studio surchauffé qu’ils ont partagé étudiants, en reporter, Philippe Pujol, sonde l’âme rance et familière d’une idéologie française .
Sept met en ligne en exclusivité quatre chapitres de Mon cousin le fasciste.
A me trimballer avec Yvan sur ses lieux de pèlerinage, je constatais qu’on finissait bien souvent dans un cimetière. C’est un condensé de mémoires, un cimetière, un lieu de contagion fasciste pour ceux qui ne seraient pas immunisés. Quoi de mieux qu’un cimetière pour s’imprégner de fanatisme, d’actes de foi? Une église. Pas de problème. Il y en a toujours une à côté.