Sept.info | A Neuchâtel, un prince peut en cacher un autre
Rainier Rainier
Le prince Rainer et l'actrice américaine Grace Kelly sur la corniche de Monaco, peu avant leur mariage en avril 1956.© Keystone / United Archives

A Neuchâtel, un prince peut en cacher un autre

Le 6 juin 1957, la population de Neuchâtel se presse en masse dans les rues de la cité lacustre pour acclamer le prince Rainier III de Monaco invité à visiter la dix-septième édition du Comptoir. Du moins, c’est ce qu’on peut lire dans les journaux…

En ce matin du 6 juin 1957, la ville de Neuchâtel est bien plus animée qu’à l’accoutumée. Toute la nuit, un événement a tenu les foyers en alerte: la visite de Rainier III. Le souverain monégasque occupe toutes les discussions des lève-tôt et les rêves des autres. Si quelques Neuchâtelois étaient encore sceptiques à l’aube, leurs doutes se sont estompés en découvrant l’encart de la Feuille d’avis de Neuchâtel en page 17«Le Comptoir communique: Rainier de Monaco à Neuchâtel. Comme chacun le sait, la princesse Grace, qui attend un second enfant, est venue à Lausanne consulter un gynécologue connu, comme elle l’a fait l’an dernier déjà. Le prince a accepté l’invitation de notre dynamique directeur à visiter le Comptoir de Neuchâtel aujourd’hui jeudi. Après une courte réception à l’Hôtel DuPeyrou, à 18 heures, il traversera notre bonne ville pour se rendre au Comptoir.» 

Mireille referme le journal. Le prince de Monaco… Toute à sa rêvasserie, elle termine son café. La présence de cet avis tardif l’a mise en retard pour son travail. La venue d’une telle célébrité sera sans doute LE sujet de la journée, pense-t-elle en se hâtant sur le chemin de l’université. Dès son arrivée au secrétariat, un brouhaha de conversations animées emplit les couloirs de l’institution. Mireille, comme ses collègues, espère pouvoir quitter son poste plus tôt pour assister au cortège et voir Son Excellence. Toute la ville est en proie à la même effervescence. Les vitrines de magasins se parent de cocardes rouges et blanches aux couleurs de la principauté, de bouquets de rubans et de messages de bienvenue en crépon. Les horlogers planchent déjà sur une montre commémorative. Les patrons sont submergés de demandes de congé, les fleuristes de commandes, les coiffeurs de prises de rendez-vous urgents. La coupe à la mode étant bien évidemment celle de Grace Kelly, un carré cranté, blond si possible. Seuls les casques de Coiffure Eugène ne bourdonnent pas, le salon aurait été réquisitionné pour les besoins de Sa Majesté. Mireille marche aussi vite que possible sur les pavés de la cité horlogère en direction du majestueux Hôtel DuPeyrou, du nom de son créateur. Elle a exceptionnellement pu partir avant l’heure, comme la plupart des Neuchâtelois. Arrivée rue de l’Orangerie, la jeune secrétaire tend le cou à l’unisson avec des centaines de badauds qui espèrent apercevoir le monarque derrière l’une des fenêtres de la façade néoclassique. L’attente commence. Il est bientôt 18 heures, le cortège ne va plus tarder à s’ébranler.

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