Malleus maleficarum, littéralement le «marteau des sorcières», est à l'origine un traité de sorcellerie publié en 1486 ou 1487 par deux dominicains allemands, Henry Institoris (Kraemer) et Jacques Sprenger. Bien que rapidement condamné par l'Eglise catholique et mis à l'Index, ce compendium de théories théologiques et de textes juridiques souvent tirés d'écrits plus anciens a connu un large succès dans la chasse aux sorcières qui a sévi en Europe du XVe au XVIIe siècle. «Le travail de Virginie Rebetez ne concerne pas la sorcellerie au sens strict du terme: l’acte de poursuites juridiques contre un guérisseur de la région de Fribourg, Claude Bergier, condamné à être brûlé sur le bûcher en 1628, est certes reproduit dans le projet de Rebetez, toutefois il ne faut pas le considérer comme le seul prisme de lecture de ces images, explique Elisa Rusca, historienne de l’art et commissaire d’exposition, dans son texte accompagnant les photos de la Lausannoise.»
«Son Malleus Maleficarum nous montre les lieux où se sont déroulées des histoires telles que celle de Bergier; il crée un contexte tout en débouchant sur un scénario de fond inscrit dans l’Histoire qui devient ainsi un pont entre "jadis" et "maintenant". L’enjeu est une recherche plus étendue sur l’histoire d’un personnage, à savoir le médium, qui a été persécuté pendant des siècles, même en Suisse, dernier pays en Europe où une personne accusée de sorcellerie, Anna Göldi, a été exécutée – c’était en 1782.»