Sept.info | La rénovation par quartier, un potentiel énergétique…

La rénovation par quartier, un potentiel énergétique formidable

© DR
Projet de cité universitaire à Bülachhof (Zürich).

Les énergies fossiles représentent encore plus de la moitié de la demande énergétique suisse. Dont 50% est imputable au parc immobilier. Selon le professeur Hans Björn Püttgen, seules les rénovations par quartiers entiers permettraient un très large impact énergétique. A l'Etat de devenir proactif.

S’affranchir du nucléaire d’ici 2050, telle est la décision prise par le Conseil fédéral et le Parlement en 2011. Dans le cadre de cette stratégie, nos autorités ont en particulier fixé comme objectif la stabilisation de la consommation d’électricité d’ici à 2020. Or, celle-ci ne cesse d’augmenter. «Et cela va continuer», prévient l’ancien directeur de l’Energy Center de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Hans Björn Püttgen. En raison principalement de la croissance démographique et des nouvelles sources de consommation d’énergie. Pourtant, ce n’est pas ce qui préoccupe le plus l’actuel professeur et senior director de l’Institut de recherche énergétique de la Nanyang Technology University (NTU) à Singapour. Selon lui, le défi énergétique suisse est avant tout fossile. Explications.

La stratégie de la Confédération ne s’attaque donc pas aux véritables sources d’économies d’énergie?
Ce n’est pas aussi simple. Les virages énergétiques ne peuvent s’opérer que lentement. Ainsi que le montrent les chiffres: entre 2000 et 2013, la demande énergétique totale et par secteur (ménage, industrie, transports, services) n’a que peu évolué. Tout comme la production. La dernière grande centrale électrique mise en service en Suisse est celle de Leibstadt en 1984, qui est une centrale nucléaire. Par contre, sur cette même période, la part de l’électricité dans la consommation globale d’énergie par habitant n’a cessé de croître. Selon les récentes statistiques révisées de l’OFEN (Office fédéral de l’énergie), celle-ci a atteint 24% du total en 2013. Et cette tendance va se poursuivre en raison de la croissance démographique et des nouvelles sources de consommation que sont notamment les pompes à chaleur, les voitures hybrides et électriques. L’objectif de stabilisation de la consommation d’électricité fixé par le Conseil fédéral est par conséquent peu réaliste à court et moyen terme.

Les énergies renouvelables ne peuvent-elles faire face à cette hausse de la demande, comme le préconise la stratégie fédérale?
Je ne crois pas non plus que la transition énergétique telle qu’imaginée par la Confédération puisse se matérialiser à court et moyen terme. Car, pour remplacer, par exemple, l’énergie produite par une centrale nucléaire comme Mülheberg, la plus petite de Suisse qui va être mise hors service en 2019, cela nécessiterait 850 éoliennes du type de celles proches de Martigny. Quand on voit les difficultés pour en implanter seulement quelques-unes sur notre territoire, comment pourrait-il y en avoir suffisamment pour couvrir à temps les besoins?
Le scénario est quasiment identique en ce qui concerne le photovoltaïque: il faudrait en effet construire 690 installations du type Palexpo pour compenser la fermeture de Mühleberg! Alors que la mise en œuvre aussi rapide que possible des énergies photovoltaïques et éoliennes est, bien évidemment, souhaitable, techniquement, ces sources d’énergie renouvelable posent également de véritables défis au niveau du stockage: leur production varie en effet fortement et rapidement. Il faudra donc encore du temps avant de trouver des solutions pour suppléer le pompage-turbinage qui, de surcroît, ne pourra suffire au niveau des capacités et nécessite d’importants investissements.

Que va, ou que peut faire la Confédération, d’après vous?
Les solutions sont peu réjouissantes. Le scénario le plus probable est celui de la construction, en Suisse, de quelques centrales à gaz. A titre d’exemple, la centrale de Chavalon telle qu’envisagée produira autant de CO2 que 250’000 voitures parcourant 20’000 km par an et ceci malgré la mise en oeuvre des meilleures technologies possibles… Autant dire que l’objectif de réduction des émissions de CO2, également fixé par la stratégie 2050 de la Confédération, sera difficilement atteint.

Selon vous, le défi énergétique est davantage fossile qu’électrique. Pourquoi?
La stratégie de la Confédération cible avant tout l’électricité. Or, les énergies fossiles représentent encore plus de la moitié de la demande énergétique totale de la Suisse (65,8% en 2013). Cette demande est essentiellement imputable aux véhicules et aux bâtiments. En ce qui concerne les véhicules, la Confédération devrait s’attaquer au problème au niveau législatif et devenir incitative en mettant en place une communication plus soutenue. En effet, la rotation du parc des véhicules en Suisse est rapide; il est navrant de constater que les clients sont de plus en plus attirés vers des véhicules de plus en plus énergivores.

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