On n’entend qu’eux en cette année 2017. Ils passent la moitié de leur temps à répéter qu’ils ne peuvent jamais s’exprimer et l’autre moitié à marteler une idéologie réactionnaire au nom d’un antipolitiquement correct qu’ils nomment «pensée unique». Ceux qu’ils méprisent les jugent démagogues. Alain Finkielkraut, Eric Zemmour, Michel Onfray, les intellectuels médiatiques – car présentés ainsi par les médias – accélèrent cette révolution conservatrice née en France au début des années 90. Un mouvement qui n’est pas politique, encore moins armé, mais culturel. La prise des idées avant celle du pouvoir.
On comprend aisément comment fonctionne la révolution conservatrice: à partir du moment où tous les comportements progressistes se seront perdus; que les femmes contesteront les féministes; que les jeunes ne contesteront plus rien; que les immigrés d’hier refuseront les réfugiés d’aujourd’hui; que les salariés honniront leurs syndicats; que les contribuables lutteront contre l’impôt; que les radicalismes prospéreront; que la laïcité sera perçue comme communautariste; et la liberté comme une faiblesse; à partir de ce moment-là, la France s’offrira au totalitarisme.
Lui attend dans un fauteuil. Il ne s’est pas encore levé, mais il est en marche. Quoi qu’il est en train de se lever, il est en marche sans que personne ne sache comment l’arrêter.