A partir de l’été 1979, et pendant plus de deux ans, Atlanta, capitale de la Georgie, est la proie d’événements atroces. Un ou plusieurs prédateurs sévissent dans les quartiers les plus défavorisés de la ville, assassinant méthodiquement des enfants noirs. La situation tire en longueur, elle ne peut plus passer inaperçue et attire l’attention des journaux et télévisions. Au même moment, au même endroit, un magnat américain nommé Ted Turner lance la première chaîne de télévision «toute info» de la planète, CNN, qui se rue sur cette affaire pour se faire connaître. Le cauchemar a commencé le 28 juillet 1979 avec la découverte, dans les bois de Niskey Lake, des cadavres de deux adolescents. Cinq mois plus tard, la police d’Atlanta trouve le corps sans vie d’un enfant de neuf ans dans une école désaffectée. Le 12 mars 1980, une fillette disparaît; quelques jours plus tard, son cadavre est abandonné au bord d’une route. Dès cette date, les meurtres d’enfants s’accélèrent. La police met sur pied une brigade spéciale de cinquante policiers et enquêteurs. Mais le FBI n’est pas saisi de l’affaire, il n’a pas compétence pour intervenir.
Les choses changent pourtant le 31 juillet 1980. Une famille d’Atlanta reçoit un appel téléphonique anonyme leur annonçant que leur enfant disparu a été kidnappé et se trouve en Alabama. L’information est fausse, mais permet au FBI d’intervenir pour ce cas précis, car il est compétent en matière de kidnapping interétats. Le 16 septembre, après un nouvel assassinat, le maire d’Atlanta, Maynard Jackson, interpelle la Maison-Blanche et réclame l’intervention du FBI. Les avocats du Bureau se penchent sur la question de la juridiction. Les principaux quotidiens américains publient régulièrement la galerie de photos des petites victimes d’Atlanta, toutes des enfants noirs. Certains y voient la main d’une organisation néonazie ou celle du Ku Klux Klan. L’ouverture officielle d’une instruction visant les groupes terroristes d’extrême droite confère une seconde compétence au FBI qui peut dès lors diligenter une enquête sur l’atteinte aux droits civiques des enfants morts, nom de code «Atkid» (Atlanta kids, les enfants d’Atlanta). Pour éviter de froisser les susceptibilités de la police locale, jalouse des retombées médiatiques qu’elle n’entend partager avec personne, les agents fédéraux la jouent profil bas. La prudence est aussi de mise, le Bureau ne souhaite pas faire de promesses qu’il lui serait impossible à tenir. Deux de ses meilleurs profileurs, John Douglas et Roy Hazelwood, formés par Howard Teten et Pat Mullaney, sont dépêchés sur place. Douglas s’est déjà fait remarquer par la pertinence de ses analyses et de ses profils. C’est lui qui servira de modèle au personnage de Jack Crawford, responsable de la BSU dans le film de Jonathan Demme, Le silence des agneaux.