L'attaque du poste électrique de Pessac peut sembler une évidence. En privant d’électricité la base de sous-marins on paralysait l’ennemi. Oui, mais Colin Gubbins avait fait là une géniale entorse à la logique militaire. Il ouvrait ainsi tout un champ d’actions jusqu’alors inenvisageables. Les industries militaires, les aérodromes et les ports de commerce: soudain, des quantités de cibles nazies difficilement accessibles devenaient très vulnérables.
L'opération Joséphine B n’avait pourtant pas tout résolu: elle n’avait pas touché la flotte sous-marine allemande qui était déjà en mer. Or l’amiral Dönitz avait presque une centaine d’U-Boots en service, qui faisaient des ravages dans le transport maritime. Presque tous les jours on apprenait une nouvelle catastrophe. Le 1er mars, le Cadillac fut coulé par le U-552. Le 2 mars, le Augvald et le Pacific subirent le même sort. Cinq jours plus tard, pas moins de 7 bâtiments furent perdus, dont un baleinier géant converti en navire d’approvisionnement. Il avait été attaqué par le commandant Günther Prien, sous-marinier très expérimenté, le premier à avoir reçu la croix de chevalier pour s’être distingué dans la guerre sous-marine. Depuis son bunker enterré sous Whitehall, Winston Churchill tenait les comptes du massacre. «Je fus ramené en pensée aux mois de février et mars 1917, écrivit-il, quand la courbe statistique des navires de notre bord coulés par les U-Boots montait si régulièrement que l’on était en droit de se demander combien de mois pourraient encore tenir les Alliés.»