Il est huit heures du matin. Je pars à la rencontre de deux prisonniers afghans détenus par l’Armée syrienne libre dans l’une des prisons les plus dangereuses du monde.
Elle se trouve à Alep, ville syrienne qui vit sous le feu des bombes barils, ces engins artisanaux remplis d’explosifs, de combustible et de ferraille. Particulièrement destructrices, elles sont larguées par l’aviation de Bachar el-Assad et désormais fabriquées en quantité industrielle.
La cité ne connaît pas de répit. C’est dans ce contexte que je franchis les portes de l’établissement, avec beaucoup de questions. Comment deux Afghans se sont-ils retrouvés impliqués dans cette guerre, dans un pays qui n’est pas le leur? Comment ont-ils atterri dans cette cellule lugubre?
J’entre dans la minuscule pièce à la peinture écaillée. Elle est presque vide. Il n’y a que deux chaises. Et une pénible odeur tenace de moisissure qui vous prend aux tripes.
Les deux hommes sont prostrés. Le regard ailleurs. Ils portent une chemise propre. Comme s’il fallait qu’ils soient présentables pour l’interview ou pour démontrer qu’ils sont bien traités.