Au début du XXe
siècle, bien avant la
fondation de l’Etat d’Israël en 1948, alors que grandit en
Europe le mouvement sioniste, le Juif est mal considéré, d’un
point de vue du genre. Le philosophe allemand Hans Blüher oppose
l’homme juif, religieux et efféminé, se cachant dans les villes,
à l’homme allemand, aimant courir dans les prairies, sportif et
musclé, et se fera le chantre de la camaraderie virile à l’aryenne.
Dans la même lignée, de nombreux médecins nourris de douteuses théories génétiques présentent les Juifs comme dégénérés et pervers, avec ce que ces termes sous-tendent sexuellement, et fourniront une tonalité homophobe à l’antisémitisme d’Hitler et des nazis.
«Les Juifs étaient parfois accusés d’être homosexuels, note l’historien George L. Mosse. Au XXe siècle, deux Juifs célèbres, Walter Rathenau, organisateur de l’économie de guerre allemande puis ministre des Affaires étrangères sous Weimar, et Léon Blum, président du Conseil sous le Front populaire (1936-1937) furent tous deux caricaturés en homosexuels par leurs ennemis.»
Ce n’était pas très fréquent mais «en revanche, on féminisait volontiers les Juifs, accusés de franchir les barrières entre les sexes, non par leurs pratiques sexuelles, mais par leur nature efféminée. On leur attribuait une “molle douceur de forme”, un comportement passif, lâche, déviant».