Le 27 février 2009 marquait le troisième jour de Losar, le nouvel an tibétain. C’est aussi le jour où l’auto-immolation a fait son entrée au Tibet. Alors que les autorités viennent tout juste d’annuler le Grand festival de prières, Monlam, censé commémorer les victimes de la répression gouvernementale chinoise de 2008, un moine prénommé Tapey quitte le monastère de Kirti et, dans les rues de Ngawa – une ville située dans une région de grande ferveur spirituelle connue au Tibet sous le nom d’Amdo, désormais rattachée à la province chinoise du Sichuan –, met feu à son corps.
Depuis, pas moins de 145 Tibétains se sont auto-immolés par le feu. 141 sur le territoire tibétain, les autres en exil. Selon les informations les plus fiables dont nous disposons, 125 d’entre eux sont morts (dont trois à l’étranger). Même si l’on recense parmi eux quelques femmes, il s’agit pour la plupart d’hommes, bien souvent ayant été contraints d’abandonner leurs jeunes enfants. Le plus vieux d’entre eux avait 64 ans, le plus jeune 16. Sept adolescents tibétains mineurs se sont également sacrifiés par le feu ou ont tenté de le faire: deux ont succombé à leur geste, et deux ont été emprisonnés sans qu’on sache ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.