10 heures. L’imposante statue de Jakuba Kolasa (1882-1956), une figure marquante de l’histoire littéraire biélorusse, semble surveiller les passants en ce lundi ensoleillé du mois de mai 2014. C’est ici que Vadzim Smok nous a donné rendez-vous. Bermuda et sandales, il ressemble davantage à un collégien; ses habits ne disent rien de son activité de bouillant politologue. Il contribue notamment à la plateforme numérique et indépendante Belarus Digest. Fondée par Yarik Kryvoi, professeur de droit expatrié à Londres, elle est considérée comme le meilleur vecteur d’informations en anglais dans le pays. «Mais ce n’est pas un média d’opposition, se défend Vadzim Smok. L’opposition est univoque, elle ne fait que dénigrer l’autre camp, si nécessaire de manière exagérée. Ce n’est pas notre rôle.»
Pour le chercheur, l’objectif, c’est un dessin fidèle, neutre de la réalité biélorusse. «Mais, dans la mesure où le régime en place est celui d’Alexander Lukashenko (la Biélorussie est souvent considérée comme la dernière dictature d’Europe, ndlr), nous sommes forcément critiques envers lui», précise-t-il en souriant.
Vous dites que vous êtes critiques envers le président Lukashenko. Est-ce toléré, ou cela vous vaut-il certains problèmes?
De quel genre de problèmes voulez-vous parler? (Il semble sincère.)
Critiquer un régime considéré comme totalitaire doit valoir des soucis, non?
Non, l’analyse n’est pas punie en Biélorussie. Tant que vous n’insultez pas directement le président Lukashenko, personne ne va vous causer d’ennui. Dans les limites de la critique analytique, vous pouvez donc écrire ce que vous voulez. La liberté d’expression est certes restreinte. Elle existe cependant. Vous trouverez d’ailleurs plusieurs journaux indépendants en libre accès.