A première vue, on aurait pu croire que le miracle attendu par le président vénézuélien Nicolás Maduro s’était finalement produit. En mai 2015, ExxonMobil annonçait la découverte d’un important gisement pétrolier ainsi que le forage de son premier puits offshore dans le Stabroek Block, une zone maritime située à quelques kilomètres des côtes vénézuéliennes. Bien que les détails demeuraient obscurs, certaines estimations considéraient que cette nouvelle réserve de pétrole pouvait frôler les 1,5 milliard de barils (fin 2018, ExxonMobile annonçait des ressources estimées à plus de 5 milliards de barils équivalents pétrole, ndlr). Une aubaine de taille pour Caracas, à l’heure où la compagnie pétrolière nationale, la PDVSA, se bat pour faire face à un prix du brut très bas et une économie au fond du trou.
Il y avait juste un hic: le Stabroek Block ne se trouve pas, techniquement parlant, au Venezuela – en tout cas pas d’après les cartes étrangères. Le territoire contesté dans lequel la zone se situe – la Guayana Esequiba – représente en réalité près des deux tiers du pays voisin, la République coopérative du Guyana, peuplée de quelque 800’000 habitants. A l’origine colonie hollandaise nommée Essequibo, le Guyana fut rendu à l’Angleterre à l’occasion de la signature du Traité anglo-hollandais de 1814, sans qu’aucune frontière ne soit cependant clairement établie à l’ouest. Comme à leur habitude, les Britanniques ont défini leur propre frontière, s’octroyant un complément de territoire d’environ 48’000 km2. Le Venezuela n’a pas apprécié la plaisanterie.