Les propos ayant servi à réaliser cette histoire ont été recueillis par Antoine Coste Dombre au cours d’un entretien avec Anton Kusters. Les mots qui suivent sont les siens.
Je n’oublierai jamais cet instant car il s’est ensuite énervé et m’a dit: «Mais pourquoi es-tu nerveux? Tu n’as pas à être nerveux car nous avons convenu que tu pouvais prendre des photos. Si tu es nerveux dès maintenant, cela veut dire que tu n’as pas foi en notre décision.»
J’ai tout de suite compris que je devais changer d’attitude et ne plus jamais être nerveux, car j’étais en réalité dans l’endroit le plus sûr possible. J’ai aussi changé ma façon de prendre des photos. Je me disais que s’ils ne m’avaient pas dit ça, j’aurais été stressé pendant deux ans. C’est après qu’il se soit fâché, que j’ai réellement compris que j’étais libre de photographier le clan à 100%.
Tout a commencé en 2008 alors que je rendais visite à mon frère Malik, qui vit à Tokyo. Nous étions assis dans un bar de Tokyo, à discuter de comment je pouvais lui rendre visite plus souvent. Tokyo est vraiment loin, et mon frère me manquait, évidemment.
Nous nous sommes dit: «Il faut que nous montions un projet tous les deux.» Malik est un expert en marketing et je suis photographe, nous pouvions donc faire quelque chose, un projet commun, qui me donnerait une raison de me rendre plusieurs fois au Japon. Alors que nous discutions assis au bar, un membre d’une famille de Yakuzas, membres de la mafia japonaise, a passé la porte et salué le patron.
On reconnaît les Yakuzas de loin, car ils portent des costumes très coûteux et ressemblent à des hommes d’affaires. Une fois habitué, on les remarque immédiatement lorsqu’ils entrent dans un bar.
Mais mon frère et moi n’étions pas encore familiers avec cet univers. Il a commencé à discuter avec le patron du bar, Taka-san, un ami à nous. Après le départ de l’homme en costume, nous lui avons demandé qui était ce gars, et Taka-san a répondu: «C’est un membre des Yakuzas.»