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«Le djihadisme est une dérive citoyenne plus qu'idéologique»

Ancien officier de l'armée algérienne, l'écrivain Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohamed Moulessehoul, a participé à la guerre contre le terrorisme dans son pays lors des années noires.

Yasmina Khadra Yasmina Khadra
Face au djihadisme, «il ne faut rien sacrifier de nos acquis, ni nos libertés ni nos aspirations», estime Yasmina Khadra.© DR

Né en 1955 dans le Sud algérien d’un père infirmier et d’une mère nomade, Mohamed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra, a été officier; il fut également l’un des principaux responsables de la lutte anti-terroriste contre les djihadistes algériens, durant la décennie noire des années 1990. Après trente-six ans sous les drapeaux, il quitte l’armée – avec le grade de commandant -, s’envole vers le Mexique avec sa femme et ses trois enfants, avant de s’installer à Paris en 2001. Il se consacre à l’écriture et se fait connaître avec les enquêtes du commissaire Llob. Il triomphe en librairie avec A quoi rêvent les loupsL’Attentat et Les Sirènes de Bagdad, qui décrit un Irak livré à la barbarie terroriste. Ses livres, dont Qu’attendent les singes paru en 2014, sont traduits dans une quarantaine de langues.

Vous avez participé en cette année 2015 à Genève au jury du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH). Avec quel regard?
Avec le même regard que je porte sur les initiatives louables, avec la même sensibilité d’un être humain que la situation du monde préoccupe. Les politiques échouent à faire entendre raison aux belligérants partout où les foyers de tension se déclarent. Mais l’avenir de l’humanité ne dépend pas exclusivement des politiques. Nous sommes tous concernés, les artistes et les intellectuels en premier lieu. J’essaie de participer à l’effort de paix. Je connais mes limites, mais mon espoir demeure tenace car c’est tout ce qu’il me reste pour refuser au malheur le droit de nous assujettir.

Le terrorisme et la lutte anti-terrorisme figurent largement au programme cette année. Des thématiques que vous connaissez très bien pour avoir été militaire dans l’armée algérienne.
Je les ai pratiquées et portées dans ma chair et dans mon esprit. Cela m’autorise-t-il à quelque chose? Je ne crois pas. J’ai écrit Les Agneaux du Seigneur et A quoi rêvent les loups il y a une vingtaine d’années. Depuis, je n’arrête pas d’expliquer le phénomène terroriste, de tirer les sonnettes d’alarme, de vulgariser le problème.

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